La vigne 2/2 : Un peu de technique...

Un peu de technique... Les plants A savoir que depuis le 1er octobre 1957, des variétés de plants de vigne sont prévus par département, et seulement ceux-ci ! L'encépagement est choisi pour ses qualités d'adaptation et de réussite. Les plus courants vers 1940 : le Seibel 5455 (un hybride direct) et le Baco n°1 pour les rouges. De nos jours, pour les quelques vignes restantes à Poissons, on trouve des variétés sur porte-greffes comme : Pinot noir, Pinot Meunier et Chardonnay, donnant l'appellation Champagne s'il vous plait ! Les plants hybrides dans les "vignes nouvelles" ont des avantages que les autres n'ont pas, comme : une excellente qualité souvent supérieure aux cépages ordinaires, un bon rendement, pas besoin de sulfatage et, en cas de gelées blanches, pas de conséquence sur la récolte car les nouvelles pousses ne sont pas stériles, elles donnent des raisins. La greffe Comme la vigne se "bouture", il suffit de prendre un sarment et de le mettre en terre pour qu'il prenne racines ; cela est théorique, en réalité c'est plus compliqué ; la préparation du rameau, l'époque de mise en terre, l'assemblage avec la bouture s'il y en a une, la culture qui suit, le traitement etc…

Une fourche à sarments	La greffe	Quelques anciens outils des vignerons de Poissons

En fixant sur un "porte-greffe" américain, indifférent à l'insecte, un "greffon" sain de notre cépage européen, on obtient après "soudure" un futur cep de vigne. Plantation Avant tout, défoncer et désinfecter le sol, analyser, fumer ce qui n'est pas simple… Mieux vaut attendre trois ou quatre ans et semer luzerne et céréales avant de replanter. En fonction du plant choisi, adopter selon le mode de taille, la disposition ainsi que l'écartement. Ci-dessous, disposition en lignes et en quinconce pour une taille en cordons sur fil de fer.

Plantation en ligne, en rectangle ou en cinquonce. L'écartement dépend de la largeur des outils.	Des fleurs de vigne.	Outil à bêcher appelé fossoir ou encore "deux pointes".
Rapport Pendant plusieurs années, sans récolte, il faut encore soigner la vigne par des traitements, des tailles, le sol par des additions d'engrais, la bêcher, la désherber et préparer la fixation soit avec des péceaux soit sur fils de fer.

Les travaux dans le courant de l'année... La taille Dès le mois de mars il faut préparer la fructification en limitant le nombre de rameaux qui porteront le raisin de façon que la grappe soit belle et les grains plus gros. La taille est fonction de la qualité et de la rentabilité recherchée. Dans tous les cas elle consiste à supprimer le rameau qui a donné des fruits, pour laisser pousser un nouveau rameau fructifère tout en gardant un "œil" en réserve pour l'année suivante… La taille en "gobelet" était appliquée à Poissons pour les plants Seibel ; le cep était "accolé" avec de la paille remplacée ensuite par du jonc que l'on laissait tremper pour l'utiliser comme ficelle ; l'accolage se faisait autour d'un péceau en accacia. Les bacos étaient attachés à des fils de fer mais aussi plantés en lignes, ce qui ressemble à nos plantations actuelles en "cordon" ; et le palissage se fait maintenant au moyen de fils de fer tendus le long du terrain et relevables grâce à des piquets à encoches.

1- 1ère année : A rameau fructifère taillé à 2 yeux. B rameau de remplacement. 2- 2ème année : A suppression du rameau qui a fructifié. 3- 2ème année : B même cas que la 1ère année (taillé à 2 yeux).	1- 1ère année : A rameau fructifère. B rameau de remplacement.	Le palissage.

Il faut aussi cultiver entre les rayons pour aérer la terre et supprimer les mauvaises herbes ; un labour au cheval et charrue (à peu de profondeur), pour butter au pied du rayon et protéger la greffe de la gelée puis un mois plus tard un bêchage ou plusieurs avec un outil appelé fossoir ou encore deux pointes, (qui permettait une meilleure pénétration dans les terres dures du pays) et si les raisins sont prometteurs, alors il faut les laisser mûrir au soleil.
Plusieurs traitements au sulfate de cuivre sont préconisés pour protéger la feuille et le fruit des parasites.

Dans la taille en vert (quand la feuille est poussée), on pratique l'épamprage, au départ des jeunes pousses. L'écimage et le pincement se pratiquent dès que la feuille est adulte et doit nourrir le fruit. Sur le dessin ci-contre on garde pour une grappe trois feuilles à la taille…
L'effeuillage sert à aérer les fruits et laisser pénétrer la lumière, si le soleil est souvent présent, alors la vendange sera rentable...

La vendange Elle est autorisée, à notre époque, par le département qui en fixe le départ. L'action de couper les raisins nécessitait des serpettes et maintenant des vendangettes bien plus faciles d'utilisation ; les grappes sont placées dans une hotte en osier, et quand la hotte est pleine elle est vidée dans le bellon, une grande cuve en chêne merrain qui gardera après foulage aux pieds (sans pressoir), l'ensemble pour la fermentation. Le bellon tiré par un cheval, est maintenant remplacé par une cuve sur la remorque d'un tracteur.

Une vigne qui prend de l'âge...	Les vendanges à la serpette	On vide le contenu de la hotte dans le bellon
La différence à notre époque est dans le procédé de fermentation et sa conduite. L'analyse chimique permet de surveiller et de réussir en intervenant sur les paramètres de fermentation avec précision. C'est aussi le pressoir à vis qui reste le même, pas d'hydraulique à Poissons… la cuve en inox ou en fibre pour la fermentation remplace le bellon mais le vin y passe peu de temps et les fûts pour stockage et vieillissement sont toujours en chêne merrain.

Une rape conique pour ajuster la bonde d'un tonneau.	Une cave voûtée avec ses tonneaux et casiers à bouteilles.	Un robinet pour soutirer le vin à la bouteille.
En conclusion : la vigne est presque disparue de Poissons et sans le phylloxéra, nous pouvons raisonnablement penser que le village et la région sont passés près d'élaborer, comme dans la Marne ou l'Aube, un bon champagne... Rien ne peut nous empêcher de rêver...!